Dans cet épisode on rencontre Serge Latouche, économiste, précurseur de la décroissance, auteur d’une grande oeuvre critique sur le discours économique dominant, qui permet de mieux comprendre ce qui se joue dans la bataille des imaginaires économiques.
Serge Latouche a commencé à déconstruire toute la mystique idéologico-théorique sur laquelle repose le discours économique et la notion de développement, dès les années 60.
Il nous raconte son parcours intellectuel, depuis l’époque du freudo-marxisme, en passant par le Congo et le Laos, et nous permet de comprendre comment la notion de développement - ainsi que son corrolaire, le sous-développement - ont été les outils idéologiques de la politique hégémonique américaine, dont le produit n’est pas autre chose que l’extension de la société à économie de marché à la planète entière, donc une certaine occidentalisation du monde… En somme, la poursuite sous une autre forme, de la colonisation entamée au XVème siècle.
On insiste aussi sur l’importance du moment historique des "Trente Glorieuses", apogée de l’ère pétrolière, qui a donné une réalité temporaire au discours sur le développement et à la prospérité des sociétés industrielles : la prétendue "fin de l’histoire" théorisée dans les années 80', l’imaginaire économique qu’il a produit et dans lequel nous baignons toujours aujourd’hui.
Pour penser les défis contemporains posés par le modèle occidental et son insoutenabilité, on décolonise notre imaginaire économique pour porter un regard radicalement différent sur ce que le discours dominant nomme « économie informelle » et le voir en réalité comme une alternative à l’économie, comme de l’auto-organisation, de la résistance à un modèle de société, à une économie de marché prédatrice et destructrice.
On considère la voie ouverte par l’économie du lien dans les sociétés africaines, et on entrevoit ce qui pourrait devenir la Nouvelle Critique de l’économie et qui s’exprime dans et par les pratiques des Suds.
Pour répondre aux défis du présent, les sociétés du Nord comme du Sud doivent décoloniser leurs imaginaires économiques, et désactiver les effets produits par les mots toxiques, afin de retrouver leur capacité de créativité sociale et refabriquer des économies qui soient des moyens au service de la matérialisation de leur idéal de vie collective et individuelle… qu’il s’agisse « d’écouter le riz pousser » ou d’être simplement « bien ensemble ».
Enregistré et mixé par Marie-Yemta Moussanang
Auteur·ice
Programme
Antenne
Reliées
-
Entretien de Gaël Giraud pour le programme : Podcasts Afrotopiques et pour l'antenne : Afrotopiques
-
Entretien de Felwine Sarr pour le programme : Podcasts Afrotopiques et pour l'antenne : Afrotopiques
-
Entretien de Amzat Boukari-Yabara pour le programme : Podcasts Afrotopiques et pour l'antenne : Afrotopiques