Les luttes, ça paye ! Tables rondes du SNAP • Marseille

En quoi les travailleur·euses de l’art ont leur place au sein des luttes collectives et syndicales actuelles et comment nouer de nouvelles alliances avec d’autres secteurs ?

Malgré la multiplication des collectifs et des mobilisations depuis plusieurs années, le secteur des arts visuels peine à se politiser et à se structurer pour conquérir de nouveaux droits. Il s’agissait, ici, de démontrer le potentiel émancipateur des luttes sociales et collectives à travers le témoignage de plusieurs invité·es. Au-delà des différences inhérentes à nos secteurs respectifs, nous avons tenté de réfléchir à de possibles alliances afin de lutter contre une précarité qui nous rassemble, et face à la destruction progressive de nos conquis sociaux.

Intervenant·es :

Le Strass, Syndicat du TRAvail Sexuel en France. Camille Brouqué exerce le travail sexuel en réel depuis 7 ans. Elle a d’abord été escorte, puis masseuse érotique et elle est aujourd’hui dominatrice. Juriste de formation, elle est la coordinatrice du service juridique du STRASS (Syndicat du travail sexuel) depuis 2020. Dans ce cadre, elle accompagne les personnes travailleuses du sexe dans leurs démarches juridiques. Elle fait également du plaidoyer autour de l’accès au droit et la cessation des discriminations à l’égard des personnes travailleuses du sexe. Elle croit que la lutte collective au sein du syndicat nous permette de retrouver du pouvoir sur nos existences et représente un moyen de se soustraire au narratif imposé sur nos identités et nos modes de vie.

Mémoire des sexualités, association et fonds documentaire LGBT à Marseille L’association Mémoire des sexualités trouve ses origines dans les Groupes de Libération Homosexuelle (GLH) à la fin des années 1970. Fondée en 1983, elle collecte et conserve depuis les traces de luttes et vécus individuels et collectifs LGBTQIA+. En 2018, l’association se refonde et choisit de confier durablement la gestion de ses archives et de sa documentation aux communautés concernées, formant un nouveau collectif ouvert et chargé d’assurer le partage de ces ressources. Combats et idées des communautés LGBTQIA+ sont redécouverts au prisme du travail, des organisations syndicales et de la lutte des classes. Réactiver cette histoire peut-il réactiver nos luttes ?

Zohra Boukenouche, militante antiraciste Zohra Boukenouche, membre de radio Gazelle, a coor- donné l’accueil des marcheur·euses des Minguettes. Cette marche pour l’égalité et contre le racisme, or- ganisée suite aux crimes et aux violences racistes qui touchaient majoritairement des jeunes issu·es de l’immigration postcoloniale, est partie de Marseille le 15/10/1983 et arrivée à Paris le 3/12. Zohra fait partie du collectif Mémoires En Marche Marseille constitué à l’occasion des 40 ans de la marche et transmet l’héritage des luttes des quartiers populaires. Aujourd’hui, entre la participation au « Guide du Marseille colonial », celle au collectif du 5 novembre constitué suite aux effondrements de la rue d’Aubagne, la médiation d’AG et l’organisation de manifestations, elle est une figure incontournable des luttes collectives locales.

Pierre Garçon, co-secrétaire général..es du SNAP-cgt. Pierre Garçon est sculpteur autodidacte depuis 1989. Il est élu au Conseil d’administration et au bureau de La Saif depuis 2011. Il est représentant de la Fédération CGT spectacle au Conseil d’administration de l’association Sécurité sociale des artistes-auteur·ices depuis janvier 2023. Il est aussi membre de la Commission d’Action Sociale et représentant à La Saif à la commission 2D-3D de l’Afdas pour la formation professionnelle.
La Permanence est un collectif de travailleur..xs·es de la danse et de la performance. Crée en 2017, La Per- manence est un groupe de personnes antiracistes, transféministes et anticapitalistes qui lutte pour que cessent les abus de pouvoir dans le secteur chorégra- phique et pour visibiliser des pratiques militantes dans le champ de l’art.

L'après M, plateforme d’entraide à Marseille Situé au carrefour des quartiers Nord de Marseille, dans l’enceinte de l’ancien restaurant Mc Donald’s Saint-Barthélemy, l’Après M est une plateforme d’en- traide, née de la solidarité d’ancien·nes employé·es, d’as- sociations, d’organisations syndicales et d’habitant·es des divers quartiers de Marseille. La médiatique réqui- sition citoyenne du restaurant lors du premier confine- ment en mars 2020, a permis d’offrir aux marseillais·es une aide alimentaire dans un contexte où l’offre était rare, voire inexistante, en s’appuyant exclusivement sur des dons de particuliers, d’entreprises, d’agricul- teur·ices.

Modération des échanges : Travailleur·euses de l’art 13

Du constat aux solutions, les sécurités sociales comme outils d’émancipation et non de répression.

À l’heure d’une offensive libérale, particulièrement violente (réformes des retraites et de l’assurance chômage, conditionnement du RSA à des heures de travail), nous avons cherché à démontrer comment les organisations collectives peuvent, à différentes échelles, agir concrètement sur nos vies et proposer un avenir désirable. Partant de différents constats dans des domaines aussi variés que la santé, l’alimentation et la culture, nous verrons alors que la socialisation permet d’échapper aux logiques capitalistes et à gommer, un tant soit peu, ses effets délétères, quelle que soit l’échelle.

Intervenant·es:

Rémy Cardinale, membre de l'association Réseau Salariat.
Rémy Cardinale est un pianiste concertiste de mu- sique classique, enseignant et militant politique dans l’association d’éducation populaire Réseau Salariat. Il coanime le groupe culture qui vient de terminer son séminaire autour d’une Sécurité sociale de la culture à la Bourse du travail à Paris et qui fera l’objet d’un livre aux Éditions du Croquant courant 2024. Cette double activité d’artiste-militant l’a conduit à avoir une réflexion sur le mode de production actuel de l’art qui altère fortement la création artistique et subordonne les travailleur·euses de la culture aux décideurs, qu’ils soient dans le domaine privé ou public.

Victor Duschesne, économiste de la santé et de la protection sociale
Victor Duchesne est économiste de la santé et de la protection sociale, docteur en sciences économiques de l’Université Sorbonne Paris Nord. Ses travaux portent sur l’étatisation de la Sécurité sociale et la mise en marché de l’assurance maladie complémentaire.

Élodie Maniaval, membre de l'association Paroles Vives.
Élodie Maniaval travaille au sein de Paroles Vives, association marseillaise de recherche-action en sciences humaines et sociales. Depuis trois ans, elle réalise un travail de recherche dans le Sud Luberon autour de l’expérimentation d’une caisse locale de l’alimentation, menée par le CLAC (Collectif Local de l’Alimentation de Cadenet). Son rôle est de documenter le processus par de l’observation participante, des questionnaires et entretiens auprès des participant·es. Une attention particulière est mise sur l’analyse de la démocratie participative, d’une part à travers l’expérimentation, et d’autre part au sein du collectif. À terme, il sera question d’analyser les effets de l’utilisation d’une carte de Sécurité sociale de l’alimentation auprès des expérimentateur·ices, mais aussi pour le territoire.

Retours d'expériences de mutuelles autogérées
Deux personnes sont venues partager leurs expériences au sein de mutuelles autogérées regroupant des travailleur·euses de l’art. Des espaces qui permettent soutiens financiers, questionnements sur la thune et réflexions plus large sur le travail.

Modération des échanges : Travailleur·euses de l’art 13

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