IN-OUÏE #3 : performance & poésie

Pour IN-OUÏE #3, Mathis Berchery propose une étape exploratoire de son projet Apocope. Un ensemble de fragments de céramique trouvés à Positano en Italie, et de billes de micro-plastique trouvées sur la plage des Catalans, deviennent le prétexte à une transformation de la perception du narrateur. Classant ces fragments par couleurs, motifs, formes, tailles, possibilités d’assemblage, il forme peu à peu sur sa table, un paysage graphique abstrait, un ordonnancement poétique. Le texte invite à appréhender le monde par le flou, le tactile, à se fondre dans le corps immense de la mer. Lu par fragments inscrits sur des bouts de papier et froissés pour rejoindre la masse des "restes" collectés. Le paysage est abordé depuis une sensation haptique, et le texte envisagé comme motif nature-culturel, matière roulée par le temps, la mer, la langue.

Pour IN-OUÏE #3, Ju Bourgain propose un ensemble de lectures de ses poèmes dans l'espace liquide du hammam et intimiste de la salle de repos, dont "Et tout le monde saura que la magie est partout", "Jamais tout.e seul.e", "Tirer sur la corde", "Les nuages ne rentrent pas dans les maisons". Iel y traite de transe corporelle, de danse, de fluidité, de particules imperceptibles, de ce qui lie les êtres entre elleux dans un espace illimité tantôt en feu tantôt en suspend.

Pour IN-OUÏE #3, Valentin Gabelier propose deux textes qui invitent à un état de semi-hypnose, entre diffraction des corps, matérialité moléculaire, fusion organiques et interversion des peaux, des langues et des mots. Il explore des rapports d'échange sensible entre la voix, le corps et l’environnement singulier, vaporeux et humide du hammam.

Comme un chant d’amour à nos ancêtres et aux vieilles femmes que nous serons, IGNIS c’est d’abord un album – objet sonore à mi-chemin entre conte et fresque polyphonique. Ce disque a donné naissance à un concert théâtral, une veillée rythmée par un choeur de huit femmes qui font résonner poèmes, chants traditionnels et textes théâtraux en neuf langues différentes. A travers l’histoire onirique d’Ignis Dvhani, c’est un voyage initiatique entre merveilleux et monstrueux qui est proposé. Figure plurielle, elle incarne les récits qui nous ont manqué, offre une autre représentation des destins attendus des femmes pour nous permettre de créer de nouvelles trajectoires désirables, fougueuses, vibrantes, interdites.

Lien vers l'album : https://id.ffm.to/ignis

Pour IN-OUÏE #3, Angèle Manuali, en écho au brouillard de sa résidence sur l'île d'Ouessant en 2021 avec le centre d'art Finisterrae, propose l'expérience du corps submergé de paysage, un corps féminin en proie à l'insistance du vent et des vagues autant qu'à celle de l'homme. Par une écriture fragmentaire et contemplative, ponctuée d'images imprimées, elle invite à une vadrouille narrative faites d'impressions et de sensations, de notes poétiques, de citations d'ouvrages de recherche, de recoins de l'île et du corps : une sorte de thriller où les dangers et les voix semblent venir de partout, faisant état de l'atmosphère mystique et solitaire de cette île singulière, "au bord du monde".