Kai Syng Tan et James Steventon sont des artistes, chercheurs et coureurs basés au Royaume-Uni, qui ont accepté d’explorer le thème de la course à pied avec nous. Ils envisagent ce sport comme une pratique sociale et culturelle, qui entretient des liens forts avec leurs projets artistiques respectifs.
Kai Syng Tan est une artiste, chercheuse et curatrice d’art. Elle commence à s’intéresser à la course à pied pendant l’écriture de son doctorat à la Slade School of Fine Arts à l’University College London. Avec son directeur de thèse, le Dr Alan Latham, elle organise la première édition de la RUN! RUN! RUN! Biennale #r3fest en 2014 à Londres.
Après cette première édition, le Running Cultures Research Group est créé. Il est composé d’un groupe de chercheurs, d’artistes, d’athlètes et de géographes intéressés par la course à pied, en particulier par ses dimensions sociales, culturelles et créatives. Le collectif explore la course de différentes manières, notamment comme un outil pour interagir avec le monde, pour penser le genre, les frontières et le temps qui passe. Par exemple, la seconde édition a présenté la pratique de course à pied de femmes sans-domicile fixes, et soutenu le projet #freetorun, qui promeut la course à pied dans les zones de conflit. Depuis, RUN ! RUN ! RUN ! a connu sa troisième édition à Paris, et continue de se réinventer pour interroger le monde par la course, grâce à un réseau dynamique d’artistes et de chercheurs. D’abord un festival, RUN ! RUN ! RUN ! est devenu un groupe de recherche florissant. Abonnez vous !
En 2014, à l’occasion de la première édition du festival, elle rencontre James Steventon. Artiste, écrivain et coureur, conférencier et directeur du Fermynwoods Contemporary Art, il s’intéresse particulièrement au concept d’endurance, comme qualité individuelle d’abord, mais aussi comme moyen de penser nos stratégies et nos organisations sociales. Attaché à l’idée barthésienne de « sport-spectacle », James souhaite partager à d’autres personnes l’expérience de la course. «A song for Eurydice», un projet élaboré avec l’artiste Jason Singh, a par exemple consisté à construire une performance sonore sur le tempo donné par sa fréquence cardiaque, alors qu’il est en plein effort sur un tapis de course. Ainsi, le cœur de James et la musique de Jason se répondent, se nourrissent, et laissent entrevoir l’expérience interne de James.
Pour une autre de ses performances, «The only running footman», il parcourt la campagne anglaise en courant, habillé en costume de coursier du XVIIIe siècle. À l’évocation de cette œuvre, James et Kai formulent un espoir commun : la course pourrait-elle représenter le paradigme d’un nouveau mode d’être, pensé à l’échelle du corps humain ? Si oui, ce retour au corps par la course pourrait-il être une façon de penser collectivement les défis et luttes présagés par le changement climatique ?
À venir : Le Running Culture Research Group va connaître une nouvelle extension. Baptisée Running Artfully Network, elle sera lancée au Fermynwoods Contemporary Art. RAN s’intéressera particulièrement à la course et à l’art comme paradigme de création d’interventions pertinentes dans notre époque de crise. Suivez le lancement de RAN at fermynwoods.org en Décembre 2020, et rejoignez-nous.
Plus d’information sur la performance A song For Eurydice à : https://www.jamessteventon.com/words-out/a-song-for-eurydice
D’autres exemples des travaux de James Steventon portant sur la course et l’endurance : https://www.axisweb.org/p/jamessteventon
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