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Du 5 au 9 Mai 2021, tous les jours à partir de 14h00, La Pan African Space Station de Chimurenga atterrit au Lavoir moderne Parisien à la goutte d’or (Paris) et sur la R22 Tout-monde, pour imaginer, réexaminer et remettre en circulation les archives sonores des radicalités noires dans le monde francophone. Cette session creusera l’idée de « bande-son », un espace sous-jacent d'informations et d'idées rarement exploré selon ses propres termes.
Nous partirons de la pratique cinématographique, en particulier celle de cinéastes comme Julius-Amedee Laou, Elsie Haas, Med Hondo, Les soeurs Kanor, Sarah Maldoror, présent.es dans l’archive imprimée imagi-nation nwar, récemment installée à la BPI, dont la bande-son sera étendue au-delà de l’écran, et dans d’autres champs de la production de savoirs: la rue, le club, le studio d’enregistrement, le kongossa, la performance, le bruit ou les pages d’un magazine.
Durant ces 5 jours, la PASS s’imagine comme une bande-son live réalisée en studio, qui fait écho et développe les images du second congrès des écrivains et artistes noirs à Rome en 1959, un évènement imprégné par le processus de décolonisation d’alors et la présence indésirable de jeunes penseurs radicaux comme Fanon, Beti, Glissant, Bevillek et bien d’autres. Une bande-son qui s’inspire de La noiraude de Fabienne et Véronique Kanor pour explorer le zouk comme esthétique du transnationalisme noir - une géographie du plaisir non autorisé tout au long des années 1980. Une bande-son qui explore la collection de disques de Sarah Maldoror et son utilisation de la musique sur film.
Dans le court métrage « Solitaire à micro ouvert » de Julius-Amedee Laou, le frère d’un homme victime d’un meurtre raciste dans le Paris des années 80 prends le contrôle d’une station de radio noire pour s’adresser à la « communauté ». Dans La vieille quimboiseuse et le majordome, Laou met en lumière le dialogue entre le vu et l’entendu. Nous écouterons l’histoire orale de la coordination des femmes noires que l’écrivaine et metteuse en scène Gerty Dambury continue de faire vivre; ou le développement par Gerard Lockel du Gwo-Ka Modèn comme praxis décoloniale; ou le réseau afro/astrosonic documenté dans la musique de Jo Maka, Ramadolf, Cheikh Tidiane Fall, Yerba Likoba et bien d’autres, qui non seulement se connecte directement au film de Sarah Maldoror Un dessert pour constance mais également aux luttes immigrantes post mai 68.
Ce voyage nous ramènera également au processus de gentrification en cours dans le quartier de la goutte d’or et aux violences structurelles qui en découlent.
Nous nous inscrivons dans le sillage de Franck Biyong lorsqu’il déploie de nouveau l’histoire de la guerre de décolonisation au Cameroun dans son album Ibolo Ini, et plus largement dans son utilisation de la musique comme espace mémorial; ainsi que dans l’exploration des écologies noires à travers le son.
Nous présenterons également Act 2 de la fameuse pièce radiophonique The Africans de Christian Nyampeta.
Ainsi que des performances, des récits, des projections, des DJ sets. Et plus.
Posons nous pour écouter ensemble.