Distant Islands, Spectral Cities, session # 2 Jour 1 / Partie 3 Shuck One

Cette conversation débute avec un portrait dessiné de Solitude, la grand-mère de Shuck One qui l’élève à partir de 1973 alors qu’elle vient de le sauver au beau milieu d’un cyclone. L’artiste raconte à partir de cette première image son amour de la ville de son enfance, Point-à-Pitre, sur les murs de laquelle il découvre ses premiers graffitis. Ce sont des slogans de l’UPLG et des groupes indépendantistes guadeloupéens qui vivent à la fin des années 80 un moment de revendications intenses qui va se transformer en une lutte armée dans laquelle le jeune Shuck sera pris. Alors que les murs de la ville lui servent de livre d’histoire des Caraïbes et lui apprennent ses liens avec l’Afrique et les Amériques, la violence de la répression sur l’île et les affrontements répétés avec la gendarmerie poussent ses grand-parents à l’éloigner et à l’envoyer en Hexagone. Il découvre brutalement Paris en 1984, ses murs et lieux d’une culture hip-hop française encore naissante. Avec le groupe de graffeurs antillais DCM (1986) puis plus tard avec le collectif Basalt, il laisse une marque puissante sur les métros et les murs de la capitale. C’est depuis son attachement aux luttes d’émancipation antillaises et sa propre trajectoire diasporique qu’il nous raconte les sources d’une œuvre protéiforme.

"Distant Islands, Spectral Cities" est un programme conçu par Olivier Marboeuf dans le cadre du Banister Fletcher Global Fellowship 2023/2024, une initiative de University of London Institute in Paris avec le soutien du Banister Fletcher Trust.

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"Grande Caraïbe" est l’un des pôles de la Maison des diasporas. Il témoigne de la circulation des cultures et des peuples, du partage des histoires et des défis entre les archipels de la Caraïbe, les Amériques et les multiples diasporas de cette zone géographique fluide.

"La Maison des Diasporas" est un laboratoire artistique d'éducation populaire situé à Rennes et porté par les diasporas. C'est un espace de création, de recherche, de coopération et de débat permettant la remise en question des représentations, des perceptions et des stéréotypes visant les personnes supposées "étrangères".
C'est un laboratoire de recherche populaire qui interroge la désagrégation du tissu social à l'ère des montées identitaires.

Shuck One est né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) en 1970. Il vit et travaille à Paris. Représentant de la première génération de graffeurs français, Shuck One s’empare dès 1986 des murs et des artères souterraines de la capitale. Son nom est alors omniprésent sur les lignes 2, 9 et 13, des lignes stratégiques du métro parisien, qui lui valent rapidement le titre de « king of the subway », mais ouvrent aussi bientôt à la découverte d’un univers artistique plus vaste et plus personnel. En 1990, il fonde l’association Basalt, collectif de graffeurs parisiens dont la puissance créative et le dynamisme marquent la décennie : sous le regard de la ville entière, l’expression murale gagne ses lettres de noblesse. Dès 1991, cette créativité nouvelle est largement saluée lors de l’exposition « 10 ans de Graffiti Art » au Palais de Chaillot, qui réunit les grands noms du graffiti français et américain. Jusqu’en 1995, Basalt assure le rayonnement d’une identité proprement française à travers de nombreuses collaborations et manifestations en France et en Europe. Au début des années 90, sans renoncer au mur, Shuck commence à privilégier la toile. Alors qu’elle explore d’autres supports que l’espace urbain, la peinture de Shuck One n’en reste pas moins en prise avec des préoccupations d’abord humaines et sociales.