Le 6 mars 2025, nous avons eu le plaisir d'accueillir Amzat Boukari-Yabara à Rennes, dans les locaux de Transcanal, en collaboration avec la Maison des Diasporas, pour la rencontre intitulée Premier Contact. Cette session a porté sur les représentations et les traitements du corps noir dans les périodes post-esclavagistes et coloniales.
Permier Contact : représentations et traitements du corps noir dans les périodes post-esclavagistes et coloniales - Amzat Boukari-Yabara
En 1848, la France proscrit formellement « tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres ». Il est désormais interdit à tout citoyen français, même à l'étranger, de posséder, d'acheter ou de vendre des esclaves, et de s'impliquer, directement ou indirectement, dans tout trafic ou exploitation de ce type. Cependant, 41 ans plus tard, 400 Africains sont exposés dans un "village nègre" lors de l'Exposition universelle de 1889 à Paris. Des milliers de Parisiens affluent pour observer des hommes, des femmes et des enfants présentés comme du bétail, marquant ainsi le début d'un premier contact.
En parallèle du parcours sur les vulnérabilités et les masculinités noires, nous avons le privilège d'accueillir Amzat Boukari, qui nous a permis de comprendre de contextualiser les relations entre les représentations, perceptions et traitements du corps noir en France, dans les périodes post-esclavagistes et coloniales.

Au cours de cet échange, nous avons notamment abordé le sujet des zoos humains qui ont été construits en France lors de l'Exposition Universelle de 1889. Tout au long de cette rencontre, les participants du parcours Afrique Subsaharienne ont eu l'opportunité d'interagir avec Amzat Boukari-Yabara et de partager leurs réflexions lors de discussions enrichissantes.
"Les Zoos humains vont être un lieu de cristallisation de l'imaginaire colonial, raciste, et de la réintroduction dans le paysage français mais également dans d'autres puissances coloniales et les États-Unis, d'une présence noire animalisée, bestialisée à proximité. On est proche du sauvage, il y ajuste une grille qui nous sépare du sauvage que l'on construit, et cette grille c'est un peu la limite entre le civilisé et le barbare. Donc on est vraiment dans une logique de construction de la supériorité raciale et de justification de la suprématie blanche. La construction aussi de logiques économiques puisque ce sont des spectacles, des exhibitions, des expositions qui rentrent à la fois dans toutes les villes de France mais aussi dans des lieux de la haute société."
"Sur la question de l'histoire, je pense qu'il faut déjà changer l'écriture de l'historiographie de l'Afrique. On y travaille depuis un certain temps, on a déjà rangé dans les tiroirs la notion de préhistoire. C'est une notion occidentale : l'idée que l'histoire n'existe que lorsqu'elle est écrite, hors nous on a une oralité qui fait que parler de préhistoire renvoi à exclure l'Afrique de l'histoire. Aujourd'hui on utilise le concept d'Histoire initiale, et l'Histoire a initialement commencé en Afrique. Le fait de le dire permet de réinscrire un certain nombre de millénaires pendant lesquelles c'est l'Afrique qui a assisté le reste du monde."

Amzat Boukari-Yabara
« Historien de formation doctorale, dans la tradition de Walter Rodney, mon travail consiste à explorer et exhumer des éléments du passé qui agissent encore au présent et qui peuvent servir à construire le futur. l’oiseau mythique Sankofa qui porte Haïti dans son bec et l’Afrique sous ses ailes, résume ma philosophie de l’histoire à travers ce proverbe « Se wo were fi na wosan kofa a yenkyi » : ce n’est pas un tabou de revenir en arrière pour prendre ce qu’on a oublié. «
Les réflexions de mon engagement politique s’inscrivent dans les arts de contre-éducation, une philosophie qui prend sa source dans ma lecture de l’ouvrage de l’historien Godwin Carter Woodson, The Miseducation of the Negro, et à laquelle j’ajoute trois pratiques sociales et militantes.
La première, « Each One Teach One » renvoie à la stratégie des résistants anti-esclavagiste et anti-apartheid aux Etats-Unis et en Afrique du Sud pour faire de la connaissance un bien commun au service des luttes et pour construire des personnalités fortes, créatives et riches d’expériences.
Ensuite, « Don’t Agonize, Organize », citation de la militante et avocate Flo Kennedy, fait référence à l’auto-organisation dans les luttes noires et anti-impérialistes aux Etats-Unis, ainsi que dans l’ensemble de la diaspora et en Afrique, avec l’idée que, sans nier l’intérêt de la mobilisation spontanée, la désorganisation ou la mobilisation sans organisation n’ont aucune chance d’aboutir.
Enfin, « Les fourmis ne font pas de bruit » est ma discipline de travail pour accorder la fin et les moyens en évitant le plus possible de faire de bonnes choses pour de mauvaises raisons.
Amzat Boukari (1981- 20XX), écrivain, historien indépendant et militant franco-béninois.
Maison des Diaspora
Pôle Afrique Subharienne
Animation par Loriane Kunsendi
Enregistrement R22 Tout Monde
Programme
Antenne
Reliées
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