Séquence #14 : Banana Amona, La banane est cuite

Kou c’est l’igname. Épluché. Coupé en dés. Placé dans la marmite. Recouvert d’eau jusqu’au menton. On va garder la peau dit Nicole. Pour la montrer aux personnes qui ne le connaissent pas. On met les ignames sur le feu. Kou en bambara. Quand tu mets le sel sur les ignames tu mélanges bien et tu goûtes sur la paume bien à plat. Si c’est un peu salé c’est bon. Pour que. Quand ce sera cuit. Le sel rentre dans les ignames qui seront super délicieux. Une marmite. Deux marmites. Les aubergines sont blanches et jaunes. Il faut les choisir en bien regardant qu’en dessous il n’y a pas de points noirs. Les aubergines lavées. Recouverte d’eau jusqu’aux coudes. Sur le feu. Sans sel. Trois marmites. Le poisson sans écailles recouvert d’eau jusqu’à la gorge. On l’appelle attalaké en soninké. Pittré en koulango. Un poisson très rapide comme une arme de guerre qu’on appelle Silure. Lire silu en français ivoirien. Le poisson dans sa marmite sur le feu est recouvert d’oignons violets. Les oignons sont recouverts à leur tour de tomates rouges coupées en dés. On ne touche pas le silure avec la cuillère pour ne pas le casser. On saisit la marmite par les poignées on la soulève et on secoue les hanches pour faire danser le poisson jusqu’à ce qu’il remonte au-dessus des oignons et des tomates. Ça fait sourire Ousmane de voir Nicole ajouter les aubergines transformées en purée au-dessus du silure. Autrement dit pittré. Autrement dit attalaké. On ferme les trois marmites sous couvercle. L’igname essaie de sortir. Pour savoir si c’est cuit il faut le toucher. Peut-être encore cinq minutes de cuisson. Il y a plusieurs sortes d’ignames. Celui-ci s’appelle bodo. Il y en a un qui est violet à l’intérieur lorsqu’on le coupe. Il s’appelle asagué en koulango. Bodo et asagué viennent de Bondoukou. Nous n’avons pas encore parlé des bananes qui sont là. Toutes entières. La banane. Brana en koulango. Banana en bambara. L’igname est prête. On éteint le feu. On l’égoutte. On le prend en photo avec Nicole dans le nuage de vapeur. Quatre marmites. Maintenant on lave les bananes plantain. On les coupe en trois et on fend chaque moitié en deux. On les épluche et on le place dans la marmite. Avec l’igname et la banane il faut que la sauce reste crémeuse. Ca y est. Nous sommes en Côte d’Ivoire et je n’ai pas de visa. Ne t’inquiète pas dit Mohamed Bamba de l’autre côté de la frontière. Ne t’inquiète surtout pas. L’emblème de la Côte d’Ivoire c’est l’union, discipline et travail. L’union c’est tout le monde. Il n’y a pas que les Ivoiriens. La Côte d’Ivoire c’est un pays d’étrangers. Il y a beaucoup d’ethnies là-bas ; on a accepté les gens parce qu’on a été colonisés. Quand on dit « l’union » tu peux être là. Je peux être là aussi. Je vois poisson. Je vois patates. Je vois plein de choses. Voilà. Ça c’est la Côte d’Ivoire.